Appréhender sa place dans le monde et être proactif : multiculturalité, égalité et équité

20/05/2023

Dans l'école de demain, nous allons être confrontés à des classes de plus en plus multiculturelles. Déjà aujourd'hui, nous devons accueillir des enfants ayant quitté leur pays pour de multiples raisons, et dans certains cas, ils ne connaissent ni la langue, ni la culture du pays dans lequel ils viennent de débarquer. En tant qu'enseignant, notre rôle est aussi d'aider chaque élève à trouver sa place dans la classe, dans l'école et dans la société au sens large. On doit leur permettre de se sentir impliqués, acteurs tant dans la construction de leurs apprentissages que dans leur vie sociale. Ayant moi-même connu cette réalité en arrivant en Belgique à l'âge de huit ans, c'est une thématique qui me tient particulièrement à cœur. 

Mon expérience de stage dans une école à grande diversité culturelle

Pour mon premier stage en BAC 3, j'ai passé 3 semaines à l'école communale de Natoye. Située à quelques pas d'un centre d'accueil de la Croix-Rouge, cet établissement accueille tout au long de l'année des enfants dont les parents sont des demandeurs d'asile, des réfugiés ou des migrants. J'ai eu l'occasion d'effectuer mon stage dans une classe de P1 composée de 15 élèves dont 5 ayant des origines différentes : polonaise, ougandaise, géorgienne, irakienne et afghane. Connaissant déjà 3 d'entre eux par le biais de mon stage d'observation en 3e maternelle dans la même école, nous n'avons eu aucun mal à tisser des liens.

L'éveil aux langues : porte d'entrée pour la diversité culturelle

Durant ce stage, j'ai été amené à donner de l'éveil aux langues et je me suis dit que c'était l'occasion parfaite pour partir à la découverte des langues maternelles de ces 5 élèves. Pour une des séquences d'activités, j'ai décidé d'utiliser comme point de départ, la chanson des Enfantastiques "dire bonjour c'est joli"

Dans cette vidéo, on peut voir et écouter un groupe d'enfants dire "bonjour" dans un bon nombre de langues différentes. Lorsque j'ai partagé cette musique pour la première fois aux enfants, c'était assez touchant de voir le visage des enfants s'illuminer simplement en entendant un mot de leur langue natale, qui leur est donc familier. Après la première écoute, j'ai demandé aux enfants ce que cette chanson avait de particulier et ils ont tous compris que les chanteurs disaient "bonjour" dans d'autres langues. Alors, je leur ai demandé s'il y avait des mots qu'ils avaient dejà entendu ou qu'ils connaissaient bien, et spontanément , quatre des élèves d'origine étrangère ont levé la main avec enthousiasme pour nous dire bonjour avec l'accent approprié. Les autres élèves étaient curieux et impressionnés d'en apprendre davantage sur la langue de leurs camarades.

Dès lors, tour à tour, chacun des cinq élèves a pu venir devant la classe pour nous apprendre à dire : bonjour, aurevoir, s'il vous plait et merci. On pouvait lire sur leurs visages qu'ils étaient à la fois fier de partager une partie de leur savoir, mais aussi d'être à la place de l'enseignant et "d'enseigner" à leur manière.

Au-delà de permettre la valorisation des élèves ayant une langue différente dans la classe, cette musique transmet également un beau message qu'il est important de comprendre avec les élèves. En effet, dans le refrain on peut entendre : 

"Dire bonjour, c'est joli dans n'importe quel pays. Tous les mots d'ailleurs sont plein de chaleur. Mais la langue universelle, oui la langue la plus belle, c'est celle que l'on parle avec son cœur."

En réécoutant la musique, j'ai suggéré aux enfants qu'on la chante tous ensemble, pour qu'ils puissent verbaliser ce fameux refrain. Juste après, je l'ai répété plus lentement, phrase par phrase et demandé aux enfants ce que cela signifiait.

L'essentiel était de leur faire comprendre que ce refrain exprime l'idée que dire bonjour dans n'importe quel pays est un geste agréable et accueillant. Elle suggère également que tous les mots, dans toutes les langues, ont une signification et une chaleur particulière. Cependant, elle souligne aussi que la langue universelle la plus belle et la plus puissante est celle qui provient du cœur, c'est-à-dire le langage des émotions et des sentiments sincères.

Elle met l'accent sur l'idée que les mots peuvent être limités dans leur capacité à transmettre des émotions profondes et authentiques. Les mots parlés avec le cœur sont perçus comme étant plus sincères, puissants et significatifs. Ils peuvent créer des liens plus forts et une compréhension plus profonde entre les individus, indépendamment de la langue qu'ils utilisent.

En somme, ce refrain invite à communiquer avec authenticité et émotion, à exprimer nos pensées et nos sentiments de manière sincère, et à reconnaître l'importance des échanges humains basés sur l'émotion plutôt que sur les seuls mots.

 

Après cette introduction autour de la chanson, nous avons fait le lien avec les gestes. Très souvent on ne se contente pas de dire "bonjour" quand on rencontre une personne, on fait également un geste avec son corps pour se saluer.

Il faut d'abord demander aux enfants s'ils connaissent des gestes et souvent la bise, la poignée de main et le signe de la main sont ceux qu'ils connaissent le mieux. Ensuite, on part à la découverte des différentes manières de se saluer avec des gestes dans le monde. Au tableau, j'avais projeté différentes illustrations représentant des saluts dans le monde et les élèves devaient expliquer comment on effectuait le geste, puis venir le mimer à deux devant la classe. 

Après avoir découvert plusieurs façons différentes, place à la créativité ! Les élèves sont répartis par groupe de trois et doivent réfléchir à minimum trois gestes (autres que ceux déjà vus) qu'on pourrat utiliser pour se dire bonjour le matin en classe. Après une dizaine de minutes, chaque groupe vient présenter ses gestes au reste de la classe.


Pourquoi vous ai-je présenté cette leçon ? 

Cette leçon d'éveil aux langues me semblait pertinente dans cette rubrique car ça été, pour moi, un moyen de travailler la multiculturalité avec les enfants mais aussi de permettre à ces enfants d'origine différente de se sentir valorisés et impliqués davantage dans leurs apprentissages.

Pour aller plus loin...

Je vous glisse ci-dessous une lien vers un article que j'ai dû lire et anlayser dans le cadre de mon cours de diversité culturelle en BAC 1 . Dans celui-ci est interviewée Marie Rose Moro, pédopsychiatre et autrice d'un ouvrage fort intéressant intitulé "Enfants de l'immigration". Marie Rose Moro est compétente pour parler de diversité culturelle en raison de son expérience clinique, de ses recherches approfondies, de son engagement institutionnel et de sa reconnaissance internationale. Son expertise contribue à une meilleure compréhension des enjeux liés à la diversité culturelle et à la promotion de pratiques inclusives dans le domaine de la santé mentale. C'est la raison pour laquelle, il me semblait pertinent de l'inscrire dans cette rubrique.

https://leligueur.be/article/l-ecole-doit-voir-la-diversite-comme-un-atout

Toussaint Onambélé Ngono - Blog personnel
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