Flexibilité spatiale : classes flexibles et outdoor learning
Les élèves ont des styles d'apprentissage différents, et certains apprennent mieux dans des environnements spatiaux spécifiques. Certains peuvent préférer un espace calme et isolé pour se concentrer, tandis que d'autres peuvent préférer des espaces plus dynamiques et interactifs. En faisant preuve de flexibilité spatiale, les écoles primaires peuvent répondre aux besoins diversifiés des élèves et créer des environnements d'apprentissage qui favorisent leur engagement et leur réussite.
Différentes activités d'apprentissage nécessitent des environnements spatiaux différents. Par exemple, certaines tâches peuvent nécessiter un espace de collaboration et de discussion en groupe, tandis que d'autres peuvent nécessiter un espace individuel et calme pour se concentrer. La flexibilité spatiale permet aux enseignants de configurer l'environnement en fonction des besoins spécifiques de chaque activité, favorisant ainsi une meilleure adaptation et une plus grande efficacité des apprentissages.
Les classes flexibles et l'outdoor learning font partie des moyens que l'on peut mettre en place pour favoriser cette flexibilité spatiale.

Mon expérience en classe flexible
Durant mes stages, j'ai pu voir plusieurs styles de classes dont 3 classes flexibles : une en P3, une en P6 et une en P4-5-6. Ayant vécu 3 expériences différentes, j'ai pu remarquer plusieurs similitudes entre celles-ci.
Premièrement, j'ai pu remarquer que les classes flexibles sont des espaces qui favorisent énormément la collaboration et les interactions sociales entre les élèves. Elles offrent à la fois des espaces pour des discussions en petits groupes mais aussi pour des projets collaboratifs. Cela permet aux élèves de travailler ensemble de manière plus dynamique, partager leur idées, leurs connaissances et renforcer leurs compétences sociales et leur capacité à travailler en équipe.
Ensuite, ce sont des classes où la disposition des élèves a été pensée intelligemment par l'enseignante. Je me souviens de mon stage de BAC 2 en P6, il y avait un élève atteint de de trouble de l'attention avec hyperactivité et il avait été placé tout devant dans l'espace "micro-apprentissage" sur un ballon rebondissant avec un fidget toy sur son banc. Cet élève était entouré d'autres élèves pour qui il fallait souvent réexpliquer les choses plusieurs fois, qui sont peu autonomes. Au fond de la classe étaient réunis les élèves ayant beaucoup plus de facilités , qui savent se débrouiller seul et entre les deux, on retrouvait les élèves de niveau moyen, capables de collaborer
Enfin, dans chaque classe flexible que j'ai vu, il y avait toujours un espace où l'élève pouvait aller "se réfugier", se recentrer sur lui-même, obtenir le calme.
Personnellement, je suis pour ce principe de classe flexible. Plus tard, j'aimerais suivre une formation ou des conférences pour avoir d'autres outils pour l'instaurer au sein de ma classe. Je trouve que ce genre de classe, au-delà d'offrir une flexibilité dans l'organisation spatiale, dégage une atmosphère accueillante et motivante, qui donne envie d'aller à l'école. C'est également un style de classe qui se prête bien aux centres d'autonomie ainsi qu'au plan de travail.
L'outdoor learning ou l'école du dehors
L'outdoor learning est défini comme l'apprentissage actif des enfants dans le monde naturel, dans lequel les enfants ont régulièrement l'occasion d'interagir avec la nature. C'est une philosophie d'enseignement qui utilise le « lieu » – terres, eaux, personnes, histoire et culture – comme point de départ de l'apprentissage. Elle combine l'éducation de la petite enfance et l'éducation environnementale afin d'utiliser le monde naturel pour guider l'apprentissage en passant du temps dans la nature. L'outdoor learning c'est simplement l'acte d'enseigner et d'apprendre à l'extérieur.
l'école du dehors est un type d'enseignement que j'ai également pu expérimenter et je trouve qu'il a totalement sa place dans l'enseignement de demain. Le simple fait que les enfants soient en mouvement et pas assis sur une chaise contribue à une meilleure mémorisation de leurs apprentissages. C'est aussi une pédagogie qui permet de manière plus pertinente de traiter des enjeux écologiques liés à la protection de la terre. Il est vrai qu'en plein centre-ville, les possibilités sont plus réduites qu'à la campagne mais je pense que ça reste un enseignement qui offre plein de possibilités.

Ma balade mathématique en première primaire
Lors du premier stage de BAC 3, j'ai eu l'occasion d'expérimenter pour la première fois la balade mathématique. Nous avions le choix entre un balade axée sur la numération ou sur la géométrie. Ma maitre de stage avait opté pour le deuxième choix et elle m'avait donc donné comme objectifs l'identification du carré, triangle, rectangle et disque et le classement des découvertes faites à l'extérieur
Quel est l'intérêt d'une balade mathématique ?
Elle offre aux enfants une expérience pratique et concrète de la géométrie. Au lieu de se limiter à des exercices théoriques en classe, les enfants peuvent observer et interagir avec des figures géométriques réelles dans leur environnement. Cela leur permet de mieux comprendre les concepts géométriques et de les relier à leur quotidien.
Déroulement de l'activité
Au préalable, j'avais dû faire du repérage des formes potentiellement visibles autour de l'école.
Les élèves avaient pour mission de retrouver les formes que j'avais collées sur une petite pancarte, avec des éléments de la nature.

Chaque élève avait deux jetons correspondant à 2 possibilités de donner une figure géométrique trouvée. Quand ils en trouvaient une, ils devaient la montrer, dire à quelle forme elle correspondait et me donner un jeton. Pour chaque forme, les élèves devaient trouver des particularités et des moyens de la reconnaitre facilement.

Exemple : Cette forme a 4 côtés, deux grands et deux plus petits. Elle est comme la figure bleu sur la pancarte, c'est un rectangle.
Voici d'autres éléments de la nature que nous avons pu associer à des formes géométriques.
Quelques jours plus tard, par groupe de 2, les élèves ont pu classer les photos que j'avais prise dans un tableau en fonction de leurs formes. Nous avons mis nos idées en commun, chaque élève est venu associer une photo à une forme géométrique. Ce classement nous a servi de trace écrite pour la suite.
Pour vérifier leur compréhension, nous avons fait un petit jeu en guise de déduction.
Je projettais différentes photos d'objets de la nature où l'on pouvait reconnaitre des formes géométriques, les enfants avaient des cartes avec les 4 formes géométriques et devaient lever la bonne carte en fonction de l'image. (voir PowerPoint)
En guise d'entrainement, j'avais créé pour eux des cartes à tâches où il fallait associer la photo à la bonne forme géométrique et comme devoir, ils ont dû aller chercher dans des magazines au moins 3 photos avec des les formes géométriques que nous avions découvertes et les présenter au reste de la classe.
Analyse réflexive
Après avoir vécu cette activité, je trouve que la balade mathématique manière originale, innovante et plus ludique pour appréhender certaines notions mathématiques.
Lors de la balade mathématique, les enfants ont directement appliqué les connaissances géométriques qu'ils avaient acquises antérieurement. Ils ont pu reconnaître et nommer les formes géométriques qu'ils rencontraient, identifier leurs caractéristiques et les comparer entre elles. Cela renforce leur compréhension des concepts géométriques et leur capacité à les utiliser dans des contextes réels.
Cette activité aide aussi les élèves à développer leurs compétences de repérage spatial. En observant les formes géométriques dans leur environnement, ils apprennent à les localiser, à les distinguer des autres éléments, à comprendre leur position et leur orientation par rapport à d'autres objets. Cela favorise leur sens de l'observation et leur capacité à se repérer dans l'espace.
Enfin, La balade mathématique permet aux enfants de développer une sensibilisation à leur environnement. Ils apprennent à observer et à apprécier les formes géométriques présentes dans la nature, l'architecture ou les objets du quotidien.
En bref, ce genre d'activité contribue à rendre les mathématiques plus engageantes et pertinentes pour les enfants.

Ma sortie d'éveil sur le terrain avec des P4-5-6
Lors de mon stage contrat, j'ai eu l'opportunité d'effectuer une sortie interdisciplinaire en éveil autour de l'école.
Durant cette balade, je devais faire minimum 3 arrêts stratégiques pour aborder successivement un sujet géographique, scientifique et historique et faire le lien entre les trois.
Quel est l'intérêt de faire une sortie d'éveil avec les enfants ?
Les activités d'éveil abordent la plupart du temps des sujet qui se prêtent à la manipulation, l'exploration et l'expérimentation. Alors quoi de mieux pour explorer que d'aller directement sur le terrain ? C'est un ancrage qui est beaucoup plus concret pour les enfants car ils peuvent observer, interagir avec des éléments réels de l'histoire, de la géographie et des sciences. Cela renforce leur compréhension des concepts abordés et ils se sentent davantage concernés.
Déroulement de l'activité
Après avoir été briefés sur les règles de sécurité et après avoir enfilé leurs gilets jaunes, les élèves étaient prêts pour commencer cette activité.
J'avais réparti les 20 élèves en 4 groupes de 5 en essayant d'avoir un élève de chaque niveau dans chaque groupe. Chaque groupe avait un crayon, une gomme, un marqueur rouge et un marqueur noir. J'avais désigné un chef de groupe en charge de s'assurer qu'il y ait tout le matériel et que tout le monde participe activement.
Avant de commencer la balade, les élèves ont dû :
- repérer où ils se situaient sur différentes cartes en plaçant une croix à l'endroit précis
- comparer les cartes entre elles en pointant les points communs et les différences
- choisir laquelle était selon eux la plus efficace à utiliser pour s'orienter durant l'ensemble du trajet et le justifier.
Ci-dessous, les différentes cartes dont disposaient les élèves.
Ensuite, j'avais distribué successivement à chaque groupe une partie de l'itinéraire à suivre sous formes de phrases, avec des charades et des devinettes. C'est donc le groupe 1 qui a commencé à nous guider, puis le groupe 2 et ainsi de suite. Cela permettait aux enfants de se sentir davantage impliqués dans la balade et responsabilisés car ils devaient guider toute la classe chacun à leur tour.

Durant la balade, nous sommes arrêtés à plusieurs endroits et parler de diffférents sujets. J'en ai sélectionné quelques-uns.

Ce panneau nous a permis de mettre notre casquette d'expert en géographie.
Nous nous sommes demandé :
- Que signifie ce panneau ?
- Pourquoi voit-on à la fois Achet en grand et Hamois en petit sur le même panneau?
- Y a-t-il d'autres villages faisant partie de la commune ? lesquels ?
- Qu'est-ce qu'une commune ?
A Chaque arrêt j'apportais des informations supplémentaires, parfois anecdotiques pour que cela marque les élèves. j'appelais cela la minute " le savais-tu ?"

Arrivés devant l'église, nous avons mis cette fois-ci notre casquette d'historien et nous nous sommes demandé :
- à qui l'église est-elle dédiée ?
- quand a-t-elle été construite ?
- à quoi sert une église et quels événements peuvent y avoir lieu
- comment reconnait-on une église ? et sur un plan ?

Enfin, nous avons porté notre casquette de scientifique pour s'intéresser au cours d'eau qui traverse le village. Nous nous sommes demandé :
- quel est son nom ?
- de quel type de cours d'eau s'agit-il ?
- d'où prend-il sa source ?
- quelles sont les conditions nécessaires pour qu'un cours d'eau existe ?
- Quel est le cycle de l'eau ?
Bien sûr, lorsque les élèves voyaient quelque chose qui suscitait un questionnement, nous nous arrêtions et nous en discutions tous ensemble.
En fin de balade, lorsque nous étions revenus au point de départ, les élèves ont du retracer sur leurs trois cartes le parcours que nous avons suivi. c'était une boucle faisant à peine plus d'un kilomètre et demi.
En rentrant en classe, j'ai pris le temps recueillir leurs impressions par rapport à la balade et la semaine d'après nous avons retravaillé sur cette sortie autour d'un carnet pour appronfondir les apprentissages.
Analyse réflexive
J'ai vraiment adoré préparer et donner cette activité. Certes cela m'a demandé énormément de temps de préparation entre le repérage des différents lieux du trajet, les exploitations possibles à faire, la création du matériel, c'était beaucoup de boulot mais au final c'est tellement enrichissant pour les enfants que ça en vaut la peine. un élève m'a même dit lors du recueil du ressenti :"Monsieur j'ai aimé cette sortie car j'ai appris plus de choses sur mon village en 2 heures de temps ici qu'en 11 ans de vie." En entendant cette phrase, j'ai compris que mon objectif avait été atteint.
Durant cette sortie, les élèves ont eu la possibilité de développer leurs compétences d'observation. Ils ont pu remarquer les caractéristiques physiques d'un lieu géographique, observer des bâtiments et monuments historiques, ou observer des phénomènes scientifiques en direct. Cela favorise leur capacité à recueillir des informations et à faire des déductions basées sur leurs observations. J'ai également trouvé que cette balade a offert aux élèves une expérience différente de l'apprentissage en classe, et a renforcé leur motivation et leur engagement. Ils avaient l'air plus impliqués et investis dans leur apprentissage en ayant l'opportunité de sortir de l'environnement habituel de la salle de classe. Certains qui sont souvent peu bavards en classe, prenaient spontaément la parole pour partager leurs connaissances avec les autres.
Le gros point fort de cette activité reste son interdisciplinarité. Une telle sortie permet aux élèves de faire des liens entre différentes matières et de comprendre les interactions entre l'histoire, la géographie et les sciences. Ils peuvent voir comment ces domaines se complètent et s'influencent mutuellement, ce qui favorise une compréhension globale des sujets étudiés.
Le fait de l'avoir organisé de A à Z et de voir qu'il y a eu un retour positif, me conforte dans l'idée d'en refaire dans ma futur pratique professionnelle.